• Harvey Milk de Gus Van Sant

     



    Chaque film de Gus Van Sant est attendu, si je puis dire, comme le Messie :  avec impatience mais aussi avec une certaine appréhension. En effet, le style de Gus Van Sant, tout en lenteur et en non-dit, plaît certainement aux amateurs de films d'art et d'essai mais a du mal à passer auprès du grand public. Ainsi, la sortie d' Harvey Milk était redoutée, car s'attaquer à la vie d'un homme politique si important dans l'histoire des droits homosexuels est, à Hollywood, assez risqué.

    Pourtant, Harvey Milk a convaincu tout le monde. Et cela se comprend. Le film, contrairement à ce que l'on a l'habitude de voir chez Gus Van Sant, n'est pas « prise de tête » : pas de plans fixes de 10 minutes, pas de caméra qui donne le mal de mer, pas de séquences sans dialogue d'une demi-heure : rien de tout ça n'est présent dans cette sorte de documentaire, et c'est un soulagement pour beaucoup. Le film se veut donc plus grand public, plus accessible, sans doute pour faire passer ce message d'espoir au plus grand nombre de personnes possible. Pour une fois, Gus Van Sant se consacre au fond et non à la forme, et retrace comme dans Last Days ou Elephant une tragédie américaine, avec la poésie mêlée de colère qui fait sa marque de fabrique

     

    Ce film retrace donc les huit dernières années de la vie de cet homme politique. Dégoûté, à 40 ans, de n'avoir « jamais rien fait », il part s'installer à San Francisco avec son compagnon et ouvre une boutique de pellicules photo. Voyant l'accueil réservé à son couple et à sa boutique dans cette ville, il se lance peu à peu dans un combat contre l'intolérance qui le mène petit à petit au pouvoir. A cette époque, en Amérique, les temps sont durs pour les gays: presque aussi durs que pour les noirs jusque dans les années 60. Des policiers écument les bars pour massacrer les premiers gays venus, des hommes sont arrêtés pour être en compagnie de leur amant, etc. Dans tout les Etats, des hommes et femmes politiques anti-homosexuels font rage, prêchant à qui veut l'entendre que tout homme homosexuel est « dépravé, déviant, détesté par Dieu... ». Face à cette homophobie grandissante, aux menaces de morts, aux chantages et aux suicides en masse de jeunes adolescent gays, Harvey Milk se lève et n’abandonne jamais son combat qui, pour tout le monde, semble perdu d'avance. Sean Penn, méritant plus que jamais sa récompense de meilleur acteur, est émouvant, drôle, et attachant comme jamais. Un film tout en espoir donc, mené par un réalisateur et des acteurs convaincus.

     

    Ce qui m'a le plus marquée dans ce film, c'est le fait que malgré ce combat commencé il y a plus de 30 ans, la cause homosexuelle est loin d'être gagnée. Les mœurs n'ont pas tellement changé, en Amérique comme ailleurs, et même si le mouvement est rejoint par de plus en plus de monde, l'homophobie et sa violence font toujours rage. Il est par exemple triste de constater que même en France, pays des droits de l'homme, à quelques mois des Présidentielles, seuls quelques candidats se sont prononcés pour le mariage homosexuel. Ce film nous rappelle donc que la lutte n'est pas finie, mais que « l'on ne peut pas vivre sans espoir ». 

     

    Maëlle PORTZER.

     

     

     

    Bande annonce du film : http://www.youtube.com/watch?v=63UGa7NiEjA

     

     

     

    P.S.du modérateur Ce film est disponible à la Bibliothèque municipale du centre-ville, rayon DVD fiction !

     


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