• "Rengaine" ou les tensions et le racisme entre communautés en France.

     

     

     

    Rengaine

     

     

    Rengaine, film de Rachid Djaïdani, est un film petit budget traitant des tensions et du racisme entre communautés en France.

     

     

     

    En effet, ce véritable Roméo et Juliette  des temps modernes raconte la liaison impossible entre Dorcy, black et chrétien, et Sabrina, musulmane d'origine nord-africaine. Le frère de Sabrina, Slimane, tentera le tout pour le tout pour empêcher ce mariage avec l'aide de ses quarante frères. Cet aspect quasi-manichéen rappelle le registre du conte, ce qui fera la force de ce projet ambitieux qui se donne des airs de documentaire. Cet attrait du conte se remarque d'ailleurs par les quarante frères de Slimane, ce qui rend l'histoire invraisemblable de ce point de vue. On pourra alors identifier Dorcy au « prince charmant » qui essaye d'épouser la « princesse » Sabrina, malgré la pression morale et physique causée par le « méchant » frère Slimane.

     

    Rengaine, c'est non seulement l'histoire d'un amour difficile, mais également une critique de l'ancrage de la religion dans les mœurs et la famille. Si Sabrina défend son droit de pouvoir vivre avec un chrétien, elle n'a de cesse de se faire harceler par son grand frère, qui la dissuade au nom des valeurs d'un islam intégriste. Rachid Djaïdani insiste alors sur ce frère envahissant pour mieux dénoncer les dérives de la religion en général vis-à-vis de la liberté de penser et de la liberté se marier avec un membre d'une autre communauté, frère qui finira par entendre raison. Dans Rengaine, tout est tourné pour nous montrer l'importance que les individus accordent à leur communauté, notamment avec cette scène où Slimane demande le soutien à l'un de ses frères policier. L'échange n'aboutit à rien, puisque son frère n'est pas de l'avis de profiter de sa situation pour en apprendre plus sur Dorcy, et met raisonnablement son statut en avant pour mieux se justifier.

     

    Le réalisateur a finalement mis neuf années pour rédiger ce scénario, certes basé sur la critique des traditions, mais également sur la critique des inégalités entre hommes et femmes et des discriminations à l'égard des ethnies, des jeunes des cités ou des homosexuels. Sabrina n'est que l'un des nombreux « procédés utilisés » pour représenter cette société machiste et misogyne à la française. Il ne s'agit pas ici de montrer du doigt la population des cités mais bien l'ensemble de la société à l'égard de la misogynie, et de disserter sur les grandes questions de la France dans le domaine social, sur ces individus des milieux défavorisés mal considérés, avec l'exemple dans le film de cet étudiant, gavé de préjugés, qui questionne les jeunes du 93, le problème de l'homophobie, avec ce frère qui raisonne Slimane ...

     

    Pour conclure, on peut dire que Rengaine nous montre bien que, quelles que soient les populations, qu'elles soient d'origines nord-africaines, africaines, européennes, etc., le racisme est un fléau qui ne cesse de torturer les mœurs et les esprits...

     

    Louis Marolleau

     

     

     Rachid Djaïdini fait ici le choix de filmer la caméra sur l'épaule ce qui donne ce côté « tremblant » de l'image. Cette décision peut déplaire aux spectateurs car le résultat peut être assez désagréable pour l’œil et donne parfois le tournis. Néanmoins, il est aisé de comprendre le choix du réalisateur qui, par manque de moyen sans doute, si ce n'est par l'absence totale de moyen, ne peut se permettre de faire apparaître des figurants ou bien des lieux dans lesquels il n'aurait pas l'autorisation de tourner.

     

    Ainsi, la caméra se concentre principalement sur le buste et le visage des acteurs ce qui permet d'être au plus près de l'histoire et du jeu talentueux des acteurs. Cela renforce le côté vraisemblable et réaliste de cette fiction : les gros plans plongent littéralement le spectateur au cœur de l'histoire des deux amants et de leur entourage. Le film est transformé en une scène de vie, proche de nous, un témoignage de notre époque.

     

    Le côté cohérent, bien ficelé, et réaliste apporté par cette manière de filmer rachète donc l'image parfois « moche » et le mouvement « vomitif » de la caméra.

     

    François Thuau

     

     

     


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